Life on Mars

Version française voir ci-dessous

Do you want to know where is the place to be right now? It is in Mars, how locals call Marseille, somewhere in the middle between Rue de la Revolution and Rue de Bonhomme. That is where we are. The container is standing in the backyard of Le Comptoir de la Victorine, a former match factory and spice depot. This artist’s areal attracts people of the best kind: social workers, musicians, cultural managers, filmmakers and many more.

Like a magnet it draws together groups like these (check out the links to discover these great projects): Les Têtes de l’Art, Les Pas Perdus and L’Art de Vivre. We are glad to be hosted and sheltered here and grateful to profit from the networks of these organizations – merci beaucoup!

What else is there to say about this place that had been the European capital of Culture 2013? There is famous quote by author Jean-Claude Izzo about the city of Marseille: „Marseille isn’t a city for tourists. There’s nothing to see.“ – Well, we would highly disagree with that, but fortunately Izzo goes on and explains a little bit further about the rough beauty of this place: „Its beauty can’t be photographed. It can only be shared. It’s a place where you have to take sides, be passionately for or against. Only then can you see what there is to see. And you realize, too late, that you’re in the middle of a tragedy. An ancient tragedy in which the hero is death. In Marseille, even to lose you have to know how to fight.”

This is how we have experienced our first week here, too. It is lively, vibrant, sometimes glooming, sometimes dark. There is the beautiful coastline, the natural preserve Les Calanques and the old port of Marseilles. And, on the other hand, there are police sirens yelling at night, traffic jams worse than in Italy and – after the Paris attacks of 11/13 – the state of emergency and its strict security laws persist.

This all creates an atmosphere of alertness that collides with the savoir vivre that the south of France is known for. La Belle de Mai, the district where the container is located, is „one of Europes poorest quarters“, as artist Guy La Guesse puts it. On the streets you can see Roma families digging through the trash, a black man carrying garbage bags on his head, and children playing in the dirt, but if you take a glance behind the iron front doors of many houses you can find beauty in every corner:

A ballet dancing class in the backyard, an open restaurant that is run by volunteers like cantine du midi or the movietheater Le Gyptis that has been covered with photos of faces by famous streetartist JR. And although many people voice their security concerns about this area, it seems after all to be the perfect place for the container: It is a place where cultures mix and people meet.

And so, our first cooking evening have been quite intimate. Unlike in Italy,  people from the neighbourhood are not just running into the container. It is getting more personal now. But this means we have had some touching discussions about finding a home, settling into a new place and feeling welcome. For example there was Nezam, a 28-year old guy from Sudan, who was sentenced to death in his country and came to France as a political refugee. From Paris he was sent to Calais where he suffered the harsh conditions in winter in the refugee camp which is currently in the process of being demolished.

This guy, who showed pictures on his mobile phone us question our faith in humanity, has somehow never lost his spirit and is now happily joining our film team in their documentary work. This is one example among many: a couple from Algeria who were our hosts for the night and cooked some great Algerian dish with Tli-Tli, a woman from Ivory Coast who wants to cook in the container and kids from the neighbourhood La Belle de Mai who baked a delicious apple pie.

So we are looking forward to the coming nights of cooking in the container, and meanwhile we’re enjoying the grocery shopping Arab markets, watching the gulls gliding through the narrow hilly streets, smelling the Mediterranean sea nearby, happily practising our French and generally relishing being challenged in the best way by this place .

If you want to join us at the container, cook your recipe and get to know Kitchen on the Run, please register here (in French). It’s easy, we just need your name and contact details – we can’t wait to share a meal with you!

 


Un bel accueil dans la cité phocéenne

Vous vous demandez où c’est, la « place to be » du jour ? Eh bien c’est à Marseille, la cité phocéenne, entre le boulevard de la Révolution et la rue Bonhomme. Nous voilà, accompagnés bien sûr de notre container-cuisine, installé depuis la semaine dernière dans la cour du Comptoir de la Victorine. Ancienne fabrique d’allumettes et puis comptoir d’épices et d’herboristerie, ce lieu artistique est devenu un aimant pour toutes sortes de personnes et de projets créatifs et solidaires : travailleurs sociaux, musiciens, médiateurs culturels, réalisateurs, et pleins d’autres encore trouvent leur place ici au sein des structures qui y sont hébergées (Les Têtes de l’ArtLes Pas Perdus, L’Art de Vivre…). Nous sommes ravis d’être accueillis et hébergés ici et de pouvoir profiter du soutien et des réseaux de ces structures – merci beaucoup à eux!

Qu’est-ce qu’il y a à dire de cette ville, capitale européenne de la culture 2013 ? A propos de Marseille, Jean-Claude Izzo a dit : « Marseille n’est pas une ville pour touristes. Il n’y a rien à voir ». Bon, on trouve quand même qu’il y a de quoi débattre là-dessus, mais Izzo ne s’en est pas arrêté là, il s’est étendu un peu sur la rude beauté de cet endroit : « Sa beauté ne se photographie pas. Elle se partage. Ici, il faut prendre parti. Se passionner. Être pour, être contre. Être violemment. Alors seulement ce qui est à voir se donne à voir. Et là trop tard, on est en plein drame. Un drame antique où le héros c’est la mort. À Marseille, même pour perdre il faut savoir se battre ».

C’est tout à fait ainsi qu’on a vécu notre première semaine ici. C’est un endroit vivant, animé, mais parfois aussi maussade, voire sombre. Il y a la fameuse Côte d’Azur, le parc national des Calanques, et le pittoresque Vieux Port de Marseille. Mais il y a aussi les sirènes de police qui hurlent la nuit, de pires bouchons qu’en Italie, et les persistantes mesures de sécurité qu’exige l’état d’urgence, créant une atmosphère de vigilance qui vient se heurter à l’image du mode de vie tranquille du Midi. Le container est installé à la Belle de Mai, qui est « l’un des quartiers les plus pauvres de l’Europe », comme nous l’a dit Guy La Guesse, artiste. Dans les rues on voit des familles Rom qui fouillent dans les ordures, un homme qui portent des sacs poubelle sur la tête, des enfants qui jouent par terre, mais si on regarde au-delà des nombreuses portes d’entrée métalliques, on trouve de la beauté partout : un cours de ballet dans une petite cour, une cantine participative où les cuisiniers sont des bénévoles (La Cantine du Midi), ou encore le cinéma Le Gyptis, dont la façade a été recouverte de photos de visages par l’artiste de rue JR. Et même s’il y a certains qui parlent des « problèmes de sécurité » de ce quartier, finalement c’est un endroit où les cultures se mélangent et les gens se rencontrent, et notre container s’y sent donc tout à fait chez lui.

Et donc c’est en mode plutôt intime que se sont déroulées nos premières soirées de cuisine. Ce n’est pas comme en Italie, où les gens du quartier rentraient dans le container comme ça en demandant ce qui s’y passait ; l’ambiance ici est plus personnelle. Et donc on a eu droit à plusieurs conversations touchantes sur le fait de s’installer dans un nouvel endroit et de se sentir chez soi. Par exemple Nezam, soudanais de 28 ans, qui a été condamné à mort dans son pays, est venu en France en tant que réfugié politique. De Paris il a été envoyé à Calais, où il a subi les conditions difficiles d’hiver dans le camp de réfugiés qui est actuellement en train d’être rasé. Ce jeune homme, qui nous a montré sur son portable des photos si choquantes qu’elles font presque perdre foi en l’humanité, est arrivé malgré tout à garder espoir, et il va rejoindre notre équipe de tournage dans leur travail de documentation du projet. Nezam est un exemple parmi tant d’autres, dont un couple algérien – les hôtes de la soirée, ils nous ont régalé avec un plat algérien de tli-tli – une femme ivoirienne qui a proposé de nous faire la cuisine dans le container, et un groupe de gamins du quartier qui ont fait une magnifique tarte aux pommes.

Et donc on attend avec impatience la suite des soirées de cuisine collective dans le container. En attendant, on en profite pour faire nos courses sur les marchés arabes, regarder les mouettes qui planent dans les rues étroites et accidentées de la ville, sentir la Méditerranée à côté, s’amuser à s’entrainer en français, et surtout prendre du plaisir à relever tous les défis que cet endroit nous pose.

Si vous voulez venir au container, cuisiner votre recette ou celle de quelqu’un d’autre, connaitre Kitchen on the Run et faire des rencontres, il suffit de s’inscrire ici. C’est facile, vous donnez simplement votre nom et vos coordonnées – on a hâte de cuisiner avec vous !

A bientôt !

(Translation: Lydia Hehir)